21 mars 2019 : Lectures plurielles de Jacques SPITZ, Journée d'étude, Librairie Mollat
Organisateurs : François Ouellet, Patrick Guay, Natacha Vas-Deyres
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Méconnue, l’œuvre de Jacques Spitz appelle à la redécouverte dans la foulée de l’ouvrage d’introduction que lui a consacré Patrick Guay aux Presses Universitaires de Bordeaux : Jacques Spitz, le mythe de l’humain (décembre 2016).
Écrivain atypique des années 1920-1950, s’inscrivant à la fois dans le champ littéraire le plus restreint et dans celui d’une littérature de grande consommation, d’abord praticien de récits profondément originaux, menés hors des sentiers battus, Jacques Spitz devient par la suite une figure imposante de la science-fiction française, à une époque où les principales références étaient anglo-saxonnes. Porté par la crise du roman de l’entre-deux-guerres et la tradition des romans azymes, Spitz se tient en équilibre sur les genres, héritier tardif de Swift et de Sterne, légataire du symbolisme, détracteur de ce qu’il appelle le roman bourgeois, très tôt marqué au sceau du surréalisme (sa fascination pour le rêve et l’idéalisation de la femme), influencé par l’intellectualité tragique de Lautréamont et de Valéry, attiré par le développement de la physique.
La SF trouve chez lui une œuvre traversée par une même vision du monde caustique et inquiète. Spitz est peut-être surtout un moraliste avec sa thématique de fin du monde, son désenchantement et une nostalgie qui transparaissent dans les reproches à l’endroit de ses semblables. L’œuvre de Spitz reste inexplorée, aussi bien sur le plan thématique que dans des perspectives formelles, des fictions aux essais romancés, du Voyage muet (1930) à Ceci est un drame (1947), de La forêt des Sept-Pies (1946) à Albine au poitrail (1956), en passant par les nouvelles de science-fiction éparpillées dans des magazines, sans parler de l’immense journal intime, encore inédit.
Spitz a constamment cherché à produire autre chose, à se définir par opposition : il faut examiner l’activité littéraire de cet « être de ruptures et d’écarts volontaires et cultivés » (François Ouellet, préface à Jacques Spitz, le mythe de l’humain), de cet homme des expériences littéraires, il faut voir comment s’articule sa pensée, de manière à inscrire l’œuvre dans les enjeux esthétiques et institutionnels de son époque.
Pour la première fois, une journée d'études va explorer l’œuvre globale de jacques Spitz, 1896-1963), « père égaré » de la science-fiction française, l’auteur d’une précieuse œuvre romanesque, d’un imposant journal personnel et d’une production toujours inédite. Voici la vision globale d’une figure trop longtemps tenue dans une injuste méconnaissance aussi bien par le grand public que par l’université. Nous souhaitons fournir un portrait de l’homme et replacer l’écrivain dans le contexte littéraire où s’est construit son rapport trouble au genre qui allait devenir la science-fiction.
Liens
- Présentation sur actuSF de l'ouvrage de Patrick Guay, co-organisateur du colloque : Jacques Spitz, le mythe de l'humain.
- Site Jacques Spitz