Écritures arabes : Discours factuels, discours fictionnels 

Responsable scientifique : Saïd Hammoud (CELFA/CLARE)

 

 

Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, (Pessac),  

 Jeudi 25 septembre 2014

MSHA, salle n° 2

 

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Le statut de la fiction a longtemps été dévalorisé dans la culture arabe.

Celle-ci se présente comme culture de la norme, de la loi qui étend son emprise sur la fantaisie. Dans cette culture, la littérature du sérieux l’a souvent emporté sur la littérature de la fantaisie, du désir, de la fiction, considérée comme une infra-littérature et, à ce titre, ne méritant pas l’attention de ce que l’on convient d’appeler l’honnête homme. Les dispositifs de légitimation qui fondent la critique littéraire, et par transitivité la littérature, à l’œuvre dans cette culture veillent à tenir à distance toute sensibilité, toute pulsion s’écartant de la norme.

Pourtant, la littérature de l’adab se définit par sa double fonction qui consiste à instruire et à distraire tout à la fois. Ce qui signifie que la fiction, aussi contrôlée qu’elle puisse être, n’est pas inexistante, loin s’en faut. Selon al-Jâhiz (m. 869), le plus grand écrivain de langue arabe à l’époque classique, « Nous ne racontons que des traits de caractère, des arguments ou des méthodes réels ou vraisemblables. » En usant de cette dimension de « vraisemblable » (mâ yajûzu an yakûn), al-Jâhiz n’exclut pas l’existence dans le récit d’un monde possible, un monde de fiction. Celle-ci doit être entendue non pas en opposition polaire à la réalité, mais comme une réalité possible ou imaginable, comme un niveau du réel. C’est pourquoi, non seulement dans les ouvrages d’adab mais aussi dans bien d’autres textes, au caractère sérieux ou scientifique reconnu, se fait jour une dissémination textuelle, en ce sens qu’un discours fictionnel (une légende, un mythe …) peut se glisser dans un texte de cosmographie ou d’historiographie par exemple, de façon imperceptible ou non.

André Miquel constatait que « Majnûn n’a jamais vécu. Et pourtant il existe. La légende, pour lui, a forcé la main à l’histoire ».  Si le cas du Majnûn concerne l’histoire littéraire, il n’est cependant pas limité à cette discipline, ni à cette époque (VIIe siècle). Bien d’autres disciplines, et des plus sérieuses, censées trouver leur expression dans un discours purement factuel, ont fait accueil à des récits qui « ont forcé la main à l’histoire ».

La journée d’études que nous nous proposons d’organiser dans le cadre du CELFA (EA 4593 CLARE), aura pour thème de réflexion le statut et la fonction du discours fictionnel et les rapports qu’il entretient avec le discours factuel.

 

Programme

 9h30 : Accueil des participants

 

9h45 : Ouverture de la journée : Jean-Michel  Devésa et Saïd Hammoud

Présidence de séance : Jean-Michel  Devesa

10h - 10h30 : Mehdi Ghouirgate (Université Bordeaux Montaigne) : Les Idrissides, un mythe national.

10h30 - 11h : Zeineb Guessoum (Université Bordeaux Montaigne) : Réalité historique et fiction romanesque dans le roman contemporain de Waciny Laredj Nuwâr al-lawz.

11h - 11h 30 : Mary Bonnaud (Université Michel de Montaigne) :  La prise de Damas d'après al Balâdhurî : Histoire ou fiction ?

11h30 - 12h30 : Discussion et pause déjeuner

 

Présidence de séance : Ana-Maria Binet

14h 30 - 15h30 : Fatma Khelef (Université Bordeaux Montaigne) : Le réalisme social et la construction esthétique dans le roman L’As de Tahar Wattar.

15h30 - 16h : Saïd Hammoud (Université Bordeaux Montaigne) : Le moi divisé dans  Qui dit je une autofiction de Abdelkader Chaoui.

16h – 16h30 : Omar Fertat (Université Bordeaux Montaigne) :  La figure de Salâh al-Dîn al-Ayyûbî, de la vérité historique à la projection fictionnelle.

16h30 – 17h30 : Discussion

Clôture de la journée

 

 

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