L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science fiction, études réunies et présentées par Lauric GUILLAUD, Natacha VAS-DEYRES, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, Eidôlon 91, sept. 2011
L’homme projette depuis l’Antiquité dans son imaginaire un fantasme suprême, celui de dompter le temps, le vieillissement inéluctable et la mort : c’est par exemple la quête de Gilgamesh, un des plus célèbres personnages de la mythologie mésopotamienne ; cette épopée fut d’ailleurs considérée par certains critiques de la science-fiction, dont Pierre Versins, comme un des textes fondateurs du genre. Il faut distinguer cependant, au-delà de la question essentielle de la place de l’homme dans le continuum espace-temps, les imaginaires fantastiques et science-fictifs : pour le fantastique le temps est surtout conceptualisé par l’exploration du passé, marqué par la périodicité, la répétition, du temps magique. Le passé ne cesse de faire irruption dans le présent, le plus souvent sous une forme horrifique mais selon des modalités variées : obsession de la lignée, malédiction ancestrale, atavisme régressif, objet ou trace archéologique etc. La représentation du temps dans la littérature de science-fiction est liée aux découvertes physiques majeures du XXème siècle, comme la relativité d’Einstein ou la théorie quantique qui servent de caution scientifique à ces voyages impossibles.