Nicolas Bourciquot
Emile Zola, la tentation du romanesque
sous la direction de Béatrice Laville
Domaine : Littérature francaise, francophones et comparée
Inscription en thèse : 2018
Résumé de la thèse : voir sur theses.fr
- Faire du romanesque, catégorie esthétique labile aux contours variables souvent honnie des créateurs, le point de départ d’une étude sur l’œuvre d’Émile Zola, peut sembler une gageure. En effet, le naturalisme le condamne, semble-t-il, plus que jamais. Toutefois les romans de son chef de file dépassent à l’évidence le cadre censé les circonscrire, et la question de sa présence dans l’œuvre n’est pas épuisée par les charges du théoricien. Au contraire, au fil des écrits, sa position fluctuante et bien souvent ambiguë vis-à-vis de cette catégorie « maudite », invite à s’interroger sur ses rapports avec elle comme lecteur et comme écrivain. Zola ne condamne en effet que la forme débridée d’une imagination romanesque devenant affabulation et, à travers les concepts de « tempérament » et de « sens du réel », affirme en réalité les pleins droits du romancier. Toutefois, dans un âge marqué par le triomphe de la bourgeoisie, dans lequel la science et la physiologie invitent à renouveler le regard sur l’homme, les valeurs attachées au romanesque se voient mises à mal et nous postulons donc que, dans une œuvre qui entend s’adosser au réel, il ne subsiste qu’à la faveur d’une véritable réinvention. Ainsi, sans nier l’existence d’une rigueur et d’une méthode inspirées de la science, sans occulter les prétentions mathésiques du naturalisme, nous entendons montrer comment ce romanesque original enrichit le projet zolien et innerve la création. Nous souhaitons établir un juste partage entre stratégie d’un créateur en quête de succès et goût réel, entre réminiscence et intégration consciente et nous émettons l’hypothèse qu’en dépit d’un apparent paradoxe, loin d’être l’opposé du naturalisme, le romanesque en devient l’un des instruments, participe de la spécificité de l’écriture zolienne et permet une lecture nouvelle de l’œuvre dont il fait apparaître une cohérence inédite.