Diverses disciplines scientifiques ont largement contribué depuis les années 1970 à percevoir, concevoir, et révéler la nature de la crise écologique, mais les sciences humaines restent encore aujourd’hui insuffisamment impliquées dans le processus de prise de conscience du plus grand nombre. La recherche scientifique, souffrant d'un cloisonnement entêté des disciplines, a besoin de s'émanciper de ce carcan : en effet, nous savons désormais que pour faire face à l’organisation complexe du monde, il est devenu fondamental, voire vital, de considérer celui-ci par une approche systémique. Chaque champ disciplinaire doit donc s’approprier la question de la crise écologique, à la fois par la définition d’une approche singulière mais aussi par la mutualisation des méthodes et des connaissances.
Par ailleurs, nous savons que la quantité d’information scientifique et non scientifique disponible est àce jour exponentielle et qu’elle contribue à façonner les imaginaires, les cultures, les politiques, autrement dit, les comportements humains. Dans ce champ de l’action collective de l’homme et des représentations qui l’anime, les sciences de l’homme et les humanités peuvent apporter une contribution notable àl’écologie et un complément aux sciences dites « dures » De plus, elles peuvent aussi aider la science, dans son acception générale et englobante, à se questionner elle-même : quel est son rôle en tant qu’acteur de la crise ? Quels sont les symptômes qui la marquent en tant que victime de la redéfinition des activités humaines qu’elle a contribué à provoquer ? Autant de pistes d’enquête que nous proposons aujourd’hui d’emprunter, en nous appuyant sur une épistémologie àla fois critique et créative, pour imaginer et expérimenter une dialectique vertueuse entre conscience écologique et recherche scientifique, àtoutes les étapes de celle-ci, de la constitution première des données (collecte) jusqu’àla valorisation des connaissances (transfert).
Pour inaugurer localement et expérimenter à notre échelle cette démarche, nous proposons une journée d’étude constituée de quatre interventions de chercheurs expérimentés sur différents aspects fondamentaux de la problématique, complétées chacune d’un temps d’échange avec les participants.