Corinne DOMER 

 

La ruine dans les films d’artistes (des années 1960 à nos jours)

Sous la direction de Sabine Forero-Mendoza

Si l’esthétique des ruines constitue une facette importante de la sensibilité occidentale depuis la Renaissance, il est manifeste qu’elle connaît aujourd’hui un profond renouvellement, comme en témoignent de nombreuses propositions d’artistes contemporains. Alors que l’on assiste à un enrichissement du vocabulaire qui qualifie les ruines (décombres, ruines de guerre, démolitions, chantiers, friches), on observe des changements importants touchant la description, la représentation voire la mise en scène des ruines, comme les formes de leur réception, de sorte qu’il est possible de parler d’un imaginaire actuel des ruines. Notre recherche s’attachera à cerner certaines composantes de cet imaginaire, à partir d’une perspective plus précise: l’architecture moderne en ruine dans les films des artistes contemporains. Dès ses origines, l’architecture moderne s’est dotée d’une profonde mission sociale, elle-même nourrie par des visions utopistes. Le but était alors d’inventer une architecture et une planification urbaine tout à la fois novatrice et universelle, en phase avec la société. Mais, dès les années 1960, l’architecture moderne a fait l’objet de sévères critiques et il est devenu banal de pointer la déshumanisation, la perte de la fonction symbolique, le chaos et l’anarchie urbaine, voire d’accuser la disparition de la mémoire sociale et l’insécurité dont elle serait responsable. Aujourd’hui, le temps est venu de sa démolition ou de sa mise en ruine. Dans quelle mesure les films d’artistes contemporains qui font de la ruine de l’architecture moderne leur sujet ou décor principal, contribuent-ils à l’invention et à la définition d’un nouvel imaginaire des ruines ? Il est prévisible qu’au-delà de ce questionnement, notre recherche ne manquera pas d’aborder des problématiques plus vastes : l’architecture et l’utopie, la diffusion des modèles et leur standardisation. Mais nous espérons qu’elle sera aussi l’occasion de développer une réflexion fondamentale sur la nature de la trace et les formes de transmission et de conservation de la mémoire.

 

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Première inscription en thèse : 2012

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