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Danielle Darrieux et l'après-guerre (1945-1959)

Documents réunis par Maëva Herszfeld

 

L'après-guerre est une période très prolifique pour Danielle Darrieux avec pas moins de 34 films tournés entre 1945 et 1959  (4 films sortis en 1952, 1954 et 1958 !) et 7 pièces de théâtre.

 

Darrieux et la Libération

Elle a été beaucoup critiquée durant et après la seconde guerre mondiale pour avoir tourné avec la Continental.

Extrait d'interview : On vous a embêtée à la Libération ?

Danielle Darrieux - Un peu... D'abord sur le mode de la plaisanterie et ... à cause de mon contrat avec la Continental, j'ai même été convoquée par un service d'épuration. Devinez qui ils avaient engagé ? Henri Decoin, celui qui m’avait poussée à travailler pour eux ! Il a été tellement surpris de me voir qu’il a immédiatement réglé le problème en haut lieu. C’était soi-disant une formalité ... Je suis donc repartie comme j’étais venue et on ne m'a plus jamais rien demandé.

 

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Une nouvelle image publique et un refus de continuer à tourner des rôles de filles "évercelées"

 

Extrait d'interview : "Après cette période noire, on a l'impression que votre jeu a changé, comme s'il avait gagné en profondeur.

Danielle Darrieux : - Au début, je n’aimais pas pleurer au cinéma. J’étais très physique. On m'avait dit qu'à 30 ans, je commencerai à bien jouer. On évolue. On ne joue plus seulement avec les mots et les apparences. On va plus loin avec son coeur ... (Silence.) Il y avait eu la guerre aussi. Sans forcément m'en rendre compte, j’avais vu et entendu de drôles de choses.

- Finalement, le seul creux de votre carrière est situé juste après la guerre ...

Danielle Darrieux - Oui, on voulait prolonger mon côté jeune écervelée. J’ai tourné des films gentils, mais rien de fabuleux ...

- ... jusqu'à Ruy Blas, dont Cocteau avait écrit le scénario ...

Danielle Darrieux - Et encore ! Ce n'était pas un rôle pour moi. J'étais jolie, mais je ne jouais pas bien."

 

 Durant cette période, elle joue des rôles de femme plus ambigüe, en parallèle avec les problématiques dominantes de l'après-guerre. En effet, ces rôles de femmes perçues comme dangereuses expriment la peur de l'époque des femmes intelligentes et autonomes après la guerre.darrieux après guerre 2détail

Elle tourne aussi avec les plus grands acteurs de l’époque : Jean Gabin, Jean Marais, Jeanne Moreau, Bourvil, Fernandel, Louis de Funès, Alain Delon, Jean-Claude Brialy, Michèle Morgan, Michel Piccoli…

Elle a reçu en 1955, 1957 et 1958 la Victoire de la meilleure comédienne du cinéma français : c'est dans cette période qu'elle reçoit le plus de récompenses, on la compare à Greta Garbo dès 1947, ou encore à Marlène Dietrich.

 

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 Une nouvelle participation avec son ex-mari, le réalisateur Henri Decoin,

de qui elle avait divorcé en 1941 : il la sollicite et l’impose dans un rôle très noir dans La Vérité sur Bébé Donge (1952). Elle fera deux autres films avec Decoin, un polar, Bonnes à tuer, et un film historique, L'Affaire des poisons, où elle incarne Madame de Montespan.

 

 

 

 

 

 

 

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Darrieux et Hollywood

Elle y retourne au début des années 1950 pour quelques films. Elle chante et danse dans Riche, jeune et jolie, une comédie musicale aux côtés de Jane Powell. Elle est choisie par Joseph Mankiewicz pour incarner la comtesse Anna Slaviska dans L'Affaire Cicéron avec James Mason, elle joue également la mère de Richard Burton dans Alexandre le Grand (1956) de Robert Rossen.

 

 

 

 

 

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Sa collaboration avec Max Ophüls

Ils tournent ensemble trois films considérés comme des chefs d'oeuvre et il fait d'elle son égérie : La Ronde (1951) où elle incarne une épouse infidèle que ni son mari ni son amant ne parviennent à satisfaire ; Le Plaisir (1952), l'adaptation de trois nouvelles de Maupassant, et surtout Madame de... (1953). Ophüls voit en Darrieux, anciennement connue pour ses rôles d'ingénue, l'incarnation des personnages qui découvrent la réalité du masque social dont ils finissent par être les victimes.

 

 

Focus sur 4 films importants de cette période

 

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  • Ruy Blas de Pierre Billon (1948)

Ce film écrit par Jean Cocteau et adapté de la célèbre pièce éponyme de Victor Hugo est celui qui fait renouer Darrieux avec le succès, après quelques films mineurs. Elle y tient le premier rôle féminin aux côtés de Jean Marais, en jouant la reine d'Espagne. Elle considère cependant, dans ce film, qu'elle était "jolie mais ne jouait pas bien", que ce n'était pas un film pour elle.

 

 

 

 

 

 

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  • Occupe-toi d’Amélie de Claude Autant-Lara (1949)

Adapté de la pièce éponyme de Georges Feydeau, ce vaudeville met en scène Darrieux dans un rôle comique et léger, celui d'une femme entretenue de la Belle-Époque, ce qui confirme son talent dans ce registre léger. Darrieux retrouvera Autant-Lara pour trois autres films.

 

 

 

 

 

 

 

 

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  • La Vérité sur Bébé Donge, Henri Decoin (1952)

Danielle Darrieux y joue le rôle d'une femme, idéaliste et passionnée, qui a empoisonné son époux, incarné par Jean Gabin. Selon Darrieux, ce rôle est celui qui, en renouvelant son talent, lui permettra de poursuivre sa carrière au cinéma ; ce film est considéré comme le chef-d’œuvre de Decoin. Le personnage de Darrieux est très sombre et dramatique, un type de rôle qu'elle souhaitait jouer depuis longtemps. Ce rôle possède une dimension féministe très rare dans le cinéma français de l'époque, en donnant raison à ce personnage de meurtrière. Ce film opère un grand changement dans la persona de Darrieux.

 

 

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  • Madame de..., Max Ophüls (1953)

Il s'agit du film préféré de Darrieux et de sa troisième collaboration avec Ophüls. Ce film qui commence comme une comédie légère, et sombre dans le drame, est centré sur le point de vue de l'héroïne interprétée par Darrieux. Elle y joue une aristocrate violemment jetée hors du confort de son mariage arrangé en rencontrant l'amour, et finit condamnée par le système patriarcal.

 

 

 

 

 

 

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